dimanche 11 août 2013

Un camp d'été avec les DPSG

Toutes les photos présentes sur cet article ne sont pas les miennes.

Camp d'été du 24 juillet au 4 août



J'ai participé au camp à partir du 28 juillet à cause de mes partiels et de mon travail, j'ai donc loupé toute la phase des installations et de montage des tentes. Anyway, lets' go!



Le cadre administratif

En France, les Scouts et Guides de France (SGDF) sont contrôlés par le Ministère de la Jeunesse et des Sports et la terrible DDJSCS. C'est notamment "à cause" de cela qu'on est obligé, pour chaque unité qui part en camp, de monter un dossier de cinquante pages et exigeant un niveau de détail bien trop pénible à supporter. Exemple : à la date de la signature du dossier, il faut que les menus soient tous composés. On n'est que le 12 mai mais tu dois déjà savoir ce que tu vas faire à manger le 20 juillet. La base. En Allemagne, le dossier de camp n'existe pas. Joie & Bonheur !

De plus, chez les SGDF, la pédagogie des branches est beaucoup plus présente en Allemagne. C'est à dire qu'il y a un cadre, les jeunes ont des rôles et sont répartis en équipes et il y a un schéma de progression personnelle. La progression personnelle peut pendre plusieurs visages selon la branche. Si les jeunes décident en équipe de construire un four, et qu'ils le construisent et qu'il marche, alors ils reçoivent un insigne ou si le jeune se fixe pour but de faire quelque chose et qu'il atteint son objectif aussi. Pour ceux qui ont vu le film Là-haut, c'est ce qui se rapproche du "J'aide une vieille dame à traverser la rue alors j'obtiens un badge". Voilà. Mais en Allemagne, rien du tout ça, je trouve ça vraiment dommage, ça fait presque colonie de vacances. Les Rovers (17-20 ans) par exemple ne font pas de projet de solidarité (de tous les témoignages que j'ai entendu, ils se retrouvent au local pour papoter et éventuellement filer un coup de main de temps en temps et c'est à peu près tout). En France, il faut aussi écrire un projet pédagogique, en gros dire les objectifs à atteindre pour les jeunes, comment tu vas faire pour les réaliser et comment ils sont évaluables. Mais en Allemagne, ça n'existe pas. 

Beaucoup plus simple d'organiser un camp DPSG que SGDF (ça nous a pris trois réunions de deux ou trois heures chacune) mais au final, pas de vraie progression personnelle ni d'enchaînement logique d'activités qui apportent quelque chose, juste un enchaînement de jeux pendant deux semaines.

Par contre, dans les deux mouvements, il est nécessaire que les jeunes soient inscrits au mouvement, c'est-à-dire qu'ils aient payé la cotisation d'année (et donc l'assurance qui va avec) pour participer au camp.


Les installations

Je passe très vite sur cette partie. Il y a en Allemagne comme en France une table pour manger, un coin cuisine, un coin veillée, une tente matos, des tentes pour les chefs et les jeunes. Par contre, ces tentes sont différentes. Chez les SGDF, les tentes dites "patrouilles" ou canadiennes sont légion, elles occupent la très grande majorité du paysage scout du pays d'ailleurs. Lors de mon camp j'ai dormi pour la première fois de ma vie dans une yourte, tandis que les jeunes dorment dans des tentes de modèles Alex ou Sudan (les blanches sur les photos), ces deux modèles étant leurs modèles de référence à eux.


de gauche à droite : table pour manger, cuisine, coin veillée, tente matos, bâches oranges pour protéger le bois
première yourte noire : yourte de repli en cas de pluie, deuxième yourte noire : yourte des chefs
tentes blanches : tentes des jeunes





Le programme

Je crois qu'il est beaucoup plus simple que je parle dans cette partie du déroulement d'une journée type et des activités.

Chez les SGDF, la durée du camp dépend de la tranche d'âge : une semaine pour les 8 - 11 ans, deux semaines pour les 11 - 14 ans, deux ou trois semaines pour les 14 - 17 ans. Avec la DPSG, c'est deux semaines pour tout le monde, parfois même une seule (je trouve ça hyper court, surtout pour les plus vieux). 
Mon avis : Pas de chichis au niveau des dates pour les parents, surtout avec les fratries ! Les dates sont les mêmes pour tous les jeunes, et basta. En France, comme les unités partent de manière autonome, même si les maîtrises essayent de coordonner les dates, ce n'est pas évident d'éviter les chassés-croisés.

Les DPSG partent en camp avec toute leur unité, c'est à dire toutes les tranches d'âge ensemble. Chez les SGDF, chaque tranche d'âge part de manière autonome.
Mon avis : Partir avec toute l'unité permet du coup, d'avoir plus de chefs présents. Mais du coup, il n'y a pas de vraie dynamique d'unité (pas gênant en Allemagne car les unités n'ont pas vraiment de pédagogies propres et de vie d'équipe...).

Chez les SGDF, il est courant que chaque chef prenne en charge un jeu ou une activité par jour, exemple : un chef responsable du jeu du matin, un autre du jeu de l'après-midi et un autre pour la veillée. En Allemagne, c'est plus simple : un chef prend la responsabilité de toute une journée, exemple : un chef pour le lundi, un chef pour le mardi, etc. 
Mon avis : J'ai trouvé ça novateur et très intéressant. C'est très pratique d'avoir un seul chef responsable par jour car il est libre d'organiser sa journée comme il le veut, si les jeunes (et les autres chefs !) ont une question ils savent directement vers qui se tourner. Possibilité d'une plus grande flexibilité aussi, donc. Le chef responsable est appelé Tagesleiter (ou TL). J'ai trouvé ça un peu flippant cependant d'être le grand manitou de la journée mais ça m'a beaucoup plu ! Une idée à exploiter lors des prochains camps en France ?

Chez les SGDF, ce sont les jeunes qui cuisinent tout le temps sous l'égide d'un seul chef préposé à l'intendance (qui est aussi celui qui va faire les courses). Chez la DPSG, c'est une équipe de cuisine qui se charge de l'élaboration des menus, des courses et de la préparation du repas, équipe qui change tous les deux ou trois jours. Les jeunes filent un coup de main ponctuel, mais c'est tout. Sauf un jour sur le camp où les jeunes se sont débrouillés tous seuls. Le problème aussi pour l'équipe de cuisine, c'est que, puisqu'ils sont seuls pour tout faire, ils ne peuvent pas participer aux jeux...
Mon avis : Je trouve ça personnellement un peu dommage que les jeunes ne cuisinent pas par eux-mêmes tout au long du camp. Je pense que la préparation du repas est un moment d'éducation à part entière.

Chez les DPSG comme chez les SGDF, les jeunes partent en raid/trek/explo (ou Hike en Allemagne), deux jours (donc une nuit) en autonomie et en équipes. En France cependant, l'itinéraire est déjà déterminé à l'avance par les chefs tandis qu'en Allemagne, l'itinéraire est déterminé par les jeunes et les chefs. En France, les jeunes n'ont le droit de partir en autonomie qu'à partir de onze ans, ce qui exclu la possibilité de trek pour les Louveteaux-Jeannettes (8 - 11 ans). La faute, je crois, à une réglementation du ministère... En Allemagne, même les deux louveteaux sont partis tous seuls. En France (ou du moins dans la tranche d'âge des 11-14 ans), le lieu d'hébergement doit déjà être trouvé par les chefs. En Allemagne, et quelle que soit la tranche d'âge, les jeunes doivent trouver leur hébergement par eux-mêmes (oui, même les plus jeunes !). Bien sûr, les chefs sont là en back-up si les jeunes n'ont rien trouvé. Dans les deux pays, les chefs rendent visite aux jeunes en début de soirée pour voir si tout va bien.
Mon avis : J'adore le concept de déterminer l'itinéraire avec les jeunes, ça les rend acteurs de leur trek ! J'aime aussi le fait de laisser les jeunes chercher leur hébergement, ça leur apprend la débrouille.

Chez les SGDF, le camp est construit autour d'un imaginaire, une histoire à faire vivre aux jeunes et qui dépend de la tranche d'âge. Pour les petits par exemple : imaginaire des pirates ou des cow-boys. En Allemagne (je vous le donne en mille) : pas d'imaginaire non plus. On a eu une journée à thème, lorsque les jeunes sont revenus de leur trek. Le thème était Hawaï ! C'était cool est franchement bien fichu. En arrivant sur le lieu de camp, les jeunes passaient à l'aéroport (collecte des papiers d'identité et fouille des sacs pour vérifier qu'ils n'aient pas ramené d'alcool ou autres), puis passage de la frontière avec un petit jeu, remise des colliers de fleurs et distribution d'un cocktail sans alcool puis différentes activités étaient organisés sur le lieu de camp. C'était vraiment chouette ! 
Mon avis : Beaucoup moins de stress pour les chefs de n'avoir qu'une seule journée à thème sur tout le camp ! Un imaginaire récurrent est long à tenir sur la durée, surtout avec les costumes et quand on dépasse une semaine. Cependant, je m'imagine mal un camp Louveteaux-Jeannettes (8-11 ans) sans aucun imaginaire, je crois que ça manquerait vraiment. 

Chez les SGDF, la douche une fois par jour est obligatoire. Ce qui fait qu'il y a en France un créneau horaire réservé à la douche tous les jours. Pas chez la DPSG. Si les jeunes veulent se doucher, ils s'organisent par eux-mêmes dans les temps libres (le matin, après le déjeuner, le soir...).
Mon avis : J'aime savoir que tous mes jeunes sont propres et se sont lavés (ou au moins rincés/passés sous l'eau) en fin de journée, surtout quand il a fait chaud. Je reste donc adepte du système SGDF.

Chez les SGDF, il est de bon ton de permettre aux jeunes de dormir minimum huit heures par nuit, en les envoyant donc au lit à 22h30/32 heures dernier délai (sauf veille de feu). Pas chez la DPSG. Si un jeune veut rester autour du feu de veillée jusqu'à deux heures du matin, c'est son droit. S'il veut se lever à 6 heures, c'est son droit aussi.
Mon avis : Jeunes très fatigués au bout de quelques jours, forcément. Les chefs pareil (certains n'arrivaient pas à se lever le matin). Idem, je reste adepte du système SGDF, ne serait-ce que parce que j'ai moi aussi besoin d'une bonne nuit de sommeil pour être encore en état de marche le lendemain. 

Sur mon camp DPSG, il y avait un mât portant les couleurs du mouvement. Sauf que : il y a des autres groupes scouts qui veulent voler le drapeau. Pour le protéger, ainsi que pour éviter l'introduction sur le lieu de camp de personnes indésirables, ils organisent des rondes de nuit. Il y en a quatre : 23:00-1:30, 1:30-3:30, 3:30-5:30, 5:30-7:30. Rondes de nuit auxquelles participent les jeunes aussi. Chez les SGDF, il n'y en a pas (il me semble même qu'il est interdit de réveiller les jeunes au milieu de la nuit).
Mon avis : Je n'en ai fait qu'une seule, de 1:30 à 3:30 et elle m'a tuée. Devoir se lever au milieu de la nuit, puis retourner se coucher, c'est vraiment crevant, d'autant qu'il faisait froid et que je dormais debout pour rien au final parce que personne n'est jamais venu nous piquer notre drapeau.

Pendant mon camp, il y a des gens qui sont venus nous rendre visite, pour un, deux ou trois jours, juste comme ça pour faire coucou. L'architecture intérieure de la yourte des chefs variait donc en fonction de combien de personnes dormaient sur place, en mode open bar. Je n'ai jamais vu ça en France.

Notre mât avec le coucher de soleil en fond, avec le drapeau de l'OMMS et de la DPSG

Mât abattu le dernier soir, à grands coups de haches, de manière super virile (avec de la sueur et tout) par les garçons

Le dernier soir, on a organisé un feu de camp gigantesque où on a tout brûlé : les bancs de veillée, les dosses de la table à manger, le mât, tous les morceaux de ficelle, les cartons, etc. Il était immense. Comme on avait déjà démonté toutes les tentes, on a dormi à la belle étoile au milieu du champ cette nuit-là. Je trouve l'idée sympa, a fortiori quand il fait beau, surtout quand on doit repartir tôt le lendemain matin et que le timing et juste pour plier les tentes (surtout pour qu'elles soient sèches).

Autre chose qui m'a interpellée : en Allemagne, point de repas entrée-plat-dessert. Au moins, il y a une salade et le plat. Et éventuellement un fruit. Point. Je vous jure que le fromage/yaourt m'a manquée. Et comme il y a beaucoup plus de végétariens en Allemagne qu'en France, il faut à chaque fois prévoir deux menus.


Bilan

J'ai adoré voir comment la vie scoute s'organise dans un autre pays ! J'ai l'impression d'avoir beaucoup appris. Un super super super camp !

2 commentaires:

  1. Ca semble vraiment génial les scouts ! Je n'en ai jamais fait, mais petite, je revais d'aventures dans les bois, de vivre un peu "à la sauvage". D'un autre coté, ayant un mal de chien à m'intégrer et étant fort timide, je ne pense pas que ça aurait marché. Mais quand on partait en "classe verte" dans les Ardennes avec l'école en primaire, j'étais toujours fascinée par les immenses forets de sapins et les "trucs et astuces" de la vie en foret.

    C'est vraiment intéressant cet article (même si je ne comprend pas toujours tout). Chaque système à ces avantages et inconvénients. Tu vas rentrer en France avec une autre vision, et comme tu le dis dans ton article, pourrais implémenter quelques idées allemandes ;)

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    1. Mais tu sais, quand j'étais petite, mes parents voulaient m'inscrire aux scouts et je n'ai pas voulu parce que ça me faisait peur XD

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