vendredi 6 septembre 2013

06/09/2012 - 06/09/2013 : un an d'Erasmus, le bilan

Vendredi 06 septembre :

Tout d'abord et avant de commencer, je voudrais m'excuser de ne pas avoir posté d'article cette semaine comme prévu. Le fait est qu'il a fait très beau et chaud et que, ayant une piscine dans le jardin, j'ai passé plus de temps à faire trempette et à me dorer la pilule qu'autre chose. Tout en sachant que j'ai bien souvent fait des grasses matinées le matin. Je vous le dis, j'ai une vie bien compliquée des fois... (ironie inside) Les articles sur mon excursion à Lübeck ainsi que celui sur ma semaine en bateau arrivent la semaine prochaine, avec peut-être d'autres surprises.

Mais bref, trêve de plaisanteries. Je voulais faire mon bilan en vidéo, et puis n'ayant encore rien préparé (j'avais préparé un petit carnet exprès et puis je l'ai oublié à Lyon) (salut, je suis une tête de linotte), c'est peut-être mieux par écrit. D'autant plus que mon netbook est très lent.


Alors, ce bilan tant attendu, qu'est ce que ça raconte ?

Il y a un an tout pile, jour pour jour, j'étais dans la voiture avec mon père, le ventre noué et la voiture bloquée par des travaux sur l'autoroute. Non seulement on avait pris du retard et on risquait de louper le concierge, mais en plus, je partais pour une année loin de chez moi. Même si ça n'était pas un coup d'essai et que j'avais déjà vécu huit mois au Royaume-Uni en 2010, ça me faisait quand même quelque chose de repartir et je n'en menais pas bien large. 

Les premiers jours, on avait plus ou moins campé dans ma petite chambre avec mon papa, en rythmant nos journées de travaux de peinture et de nettoyage divers et variés tant l'appartement que nous avions récupéré était en mauvais état. La cuisine était toute poisseuse de crasse, la peinture avait muté du blanc d'origine vers un gris peu ragoûtant et je ne vous parle même pas de la salle de bains. Mais peu importe, au bout de deux jours, à nous nourrir de saucisses au curry et de poulet rôti sur le parking du magasin de bricolage, l'appartement était enfin en état, ma coloc était arrivée et mon papa est parti. J'ai retenu mes larmes le temps de lui dire au revoir et je crois que j'ai craqué dans ma chambre au moment où j'ai vu la voiture s'éloigner.

Ça me fait bizarre de raconter tout ça, ça me paraît loin et proche à la fois. Je me dis que ça ne fait qu'un an et pourtant, ça fait quand même déjà un an. Le temps est passé tellement vite.

Bilan personnel :

Même si je n'étais pas tout à fait une novice de l'expatriation, l'anecdote des saucisses au curry sur le parking du magasin de bricolage est assez représentative. Si avec mon père on s'était rabattu sur cette option, c'est parce que nous ne savions pas où nous pouvions manger. Et puis, je n'osais pas demander aux gens parce que même si je parlais bien allemand, j'étais encore hésitante. Alors on avait un peu choisi une solution par défaut. Et puis au fur et à mesure, je me suis construite une petite routine, dégainant des adresses de restos plus vite que mon ombre. Je crois que je ne l'ai pas vraiment réalisé quand j'étais sur place mais je dois me rendre à l'évidence : je me suis vraiment construite une nouvelle petite vie à Heilbronn, avec mon rôle de cheftaine chez les scouts, mes copains... C'était un de mes objectifs, justement. En Angleterre, je travaillais certes, mais je n'avais pas beaucoup de contacts sur place. J'allais au boulot, je faisais mon job, je rentrais chez moi, fin du bal. A Heilbronn, et même si ça a pris du temps (jusqu'à mai hein quand même, mais mieux vaut tard que jamais), j'ai réussi à me faire des amis, des vrais. Tant et si bien que le dernier jour que j'ai passé à la piscine avec eux, ils voulaient me casser une jambe et me confisquer mes billets de train pour ne pas que je parte. Ça a été dur de les quitter, ils étaient un peu une deuxième famille pour moi, mais je sais qu'on se reverra. En même temps,  je leur ai promis que je reviendrais leur rendre visite alors j'ai comme qui dirait plus vraiment le choix ;-) 

Mis à part le fait que je me suis faite des amis, j'ai aussi beaucoup appris sur moi-même, comme ça avait déjà été le cas en Angleterre. C'est bateau dit comme ça, je le sais et je le lis dans de nombreux bilans, mais une expatriation nous fait apprendre beaucoup plus sur qui on est que sur la langue. Lorsque j'étais revenue d'Angleterre, début septembre 2010, ma famille, mes amis et moi avions vraiment constaté un Avant et un Après. J'étais devenue plus sure de moi, moins timide, plus extravertie. Et à mon retour d'Allemagne, c'est pareil. Pendant les 11 mois et demi que j'ai passés sur place : j'ai mûri, j'ai gagné en assurance grâce à mon job, j'ai pris encore plus confiance en moi, j'ai appris à oser, j'ai traversé de longs moments de doute comme de joie, j'ai pris des responsabilités et j'étais aimée pour ce que je suis. Au début de mon immersion, j'ai beaucoup essayé de passer outre le fait que je sois française, en faisant une fixette sur mon petit accent pour l'éradiquer, en essayant de ne pas trop le dire à tout le monde. J'ai beaucoup voulu être plus royaliste que le roi, peut-être pour me distancer des Erasmus que j'ai pu rencontrer et qui débarquaient avec leurs gros sabots sans prendre de recul et en croyant que "Si en Espagne c'est comme ça, alors en Allemagne c'est pareil". J'ai cru à tort que s'adapter, c'est oublier sa nationalité d'origine et tout faire comme les autochtones. J'ai essayé de cacher cette spécificité qui est en fait, je crois, celle qui m'a rendue attachante auprès des autres. Et puis j'ai compris que je ne pouvais pas me mentir à moi-même et qu'être française était ce que j'étais vraiment. Plus qu'un trait de caractère comme la curiosité ou le fait d'être têtue comme une mule, je suis française. J'ai été élevée en France, selon des codes et des normes sociétales typiquement français, c'est ce que je suis, c'est le socle sur lequel je me suis construite pendant plus de 20 ans. Une fois que j'ai arrêté de nier, j'ai vite compris que les gens m'appréciaient pour moi, Marine, et ce que je faisais et peu importe mon origine et mon lieu de naissance (ou bien justement parce que j'étais française aussi, peut-être ? Les Frenchies ont toujours une certaine aura à l'étranger). Je l'ai vraiment remarqué quand, à la fin de la soirée d'adieux d'une copine, les parents des jeunes scouts qui étaient invités m'ont serré la main chaleureusement pour me dire au revoir, à moi comme à tout les autres, sans faire de différence. Ça m'émeut presque d'en reparler, ils me manquent tous beaucoup quand même.

Bilan professionnel :

J'ai eu la chance, dès le début de mon séjour, de me faire repérer par une de mes profs qui dirigeait un centre d'aide aux devoirs. Je donnais des cours de français à une lycéenne et des cours d'allemand à deux familles d'immigrés : des ados italiennes et deux petits vietnamiens. Au début, je ne connaissais pas grand chose à l'enseignement. Je n'avais jamais donné de cours, j'avais un peu peur. Et puis, j'ai comme qui dirait pas franchement eu le choix. J'étais au bord d'une falaise et j'ai bien dû me laisser tomber dans le vide. Ne pas avoir eu le choix a été bénéfique je crois, je ne sais pas si j'aurais tenté l'expérience de mon propre chef. J'ai appris à prendre la responsabilité d'enseigner, j'ai dû être flexible et faire face aux imprévus, j'ai dû travailler aussi pour préparer mes cours et puis, au delà de tout ça, en plus d'avoir été la prof particulière, je crois qu'une vraie complicité s'était créée entre mes élèves et moi. Quand je regarde un peu les papiers que j'ai envoyés à ma patronne, j'ai débuté le 26 septembre avec la lycéenne. Notre dernier cours a eu lieu mi-juillet. Presque un an et presque toute la durée de mon séjour Erasmus. Ça me rend chose de penser à ça, je me dis que pendant un an je lui ai donné des cours, mais j'ai aussi appris avec elle. On a appris l'une de l'autre plus ou moins ensemble et je trouve ça mignon. J'en rediscutais avec une copine, qui m'a elle aussi suivie pendant toute cette année, et elle me disais qu'au final, on se souviendrait chacune dans plusieurs années que je lui ai donné des cours et qu'on raconterait ça vraisemblablement à nos enfants. Ça me rappelle un jour quelque chose que j'ai lu sur les gens qui se retrouvaient sur nos photos par hasard. Ils ne le savent pas, mais quelque part, ces gens-là font partie de nos vies parce qu'ils apparaissent sur nos photos souvenirs. Et bien là, c'est un peu pareil. Ça vaut aussi pour tous les gens que j'ai côtoyé de très près, comme aux scouts, ou de plus loin. Quelque part, on s'est tous construits plus ou moins ensemble, en apprenant les uns des autres.

Bilan associatif :

J'ai intégré un groupe scout à Heilbronn dès septembre 2012 et j'y suis restée jusqu'à la fin du camp d'été, début août 2013. Au début, j'ai eu un peu de mal à m'intégrer. Non pas que ça vienne des chefs et de l'équipe qui m'a accueillie, mais ça venait de moi. Il faut savoir que les deux façons de voir le scoutisme en France et en Allemagne sont très différentes à la fois au niveau des horaires des réunions, du contenu etc. C'était vraiment déstabilisant. En effet, j'ai déjà fait beaucoup d'échanges en Allemagne et j'avais déjà été confrontée à la vie à l'école ou dans une famille. Je n'avais aucune idée de comment fonctionnait le scoutisme en Allemagne. Du coup, moi qui ne connaissais que le scoutisme en France, j'ai eu un peu de mal à trouver mes marques mais tout est rentré dans l'ordre à la fin de l'année. J'ai déjà écrit un article sur mon camp. Ça a vraiment été dur de quitter les jeunes et mes co-chefs à la fin de l'année. Je les aime d'amour et je veux vraiment essayer de construire un projet franco-allemand avec mon groupe français et eux.

Bilan scolaire :

D'un point de vue strictement scolaire, j'ai plus considéré cette année comme une année de césure ne me servant pas franchement à grand chose du point de vue de mes études. Au final, c'est vrai, j'ai appris beaucoup de choses très intéressantes sur des tas de sujets que je n'aurais pas abordés de mon propre chef, mais qui en fin de compte, ne me seront pas franchement très utiles pour mon master et le CAPES. Mais peu importe. Je trouve ça intéressant d'avoir justement pris cette année "sabbatique" pour apprendre d'autres choses et élargir mon horizon de connaissances plutôt que d'enchaîner de suite. Non seulement c'est une année qui m'a apprise à mieux me connaître mais en plus, j'ai non seulement suivi les deux tiers de mes cours en allemand et je me suis ainsi prouvée que j'étais capable d'étudier en allemand, de suivre des cours en allemand, de passer des partiels en allemand et de les réussir en allemand. En Allemagne et aux Etats-Unis, très peu de jeunes enchaînent directement à l'université après leur bac, mais ils prennent le temps de faire autre chose pendant un an ou deux (soit de partir en tant que fille au pair ou de travailler) avant de vraiment commencer. Tant et si bien qu'en Allemagne, on peut tout à fait entrer en Université ou en Hochschule à 22 ans alors que moi, à 22 ans, je suis déjà diplômée. Une copine m'a même demandée comment c'était Dieu possible d'être déjà diplômée si jeune en me demandant si on commençait à étudier à 15 ans. Je trouve ça intéressant de ne pas forcément suivre un cursus linéaire et d'aller voir ailleurs pendant un an ou deux. Et puis au moins, cette année m'a aussi permise d'être convaincue de ce que je voulais faire : prof d'allemand.

Toujours est-il que cette année, j'ai validé ma première année de Master LEA et je suis donc titulaire d'un Bac +4, soit d'une maîtrise LEA (Langues Etrangères Appliquées). Ça envoie du costaud hein ? =D

Niveau de langue :

En arrivant il y a un an, je me disais que je parlais déjà bien allemand et que, si je devais faire des progrès, je n'avais plus grand chose à apprendre, la faute à ce qu'on m'a toujours dit (profs comme copains). Un an plus tard, je me rends compte que j'ai énormément progressé même si j'avais déjà à la base un très bon niveau. Mon allemand est beaucoup plus fluide, j'a beaucoup plus d'aisance. J'ai certes un petit accent qui subsiste mais je crois que je ne pourrai pas m'en débarrasser. J'ai connu des profs étrangers qui vivaient en France depuis 20 ans et qui ont toujours un accent. J'ai fait une grosse fixette au début, je parlais peu de peur de faire des fautes et de me trahir. Et puis en fait, ça importais peu aux gens que je fasse des fautes, au contraire, on arrivait toujours à en rire quand je confondais des mots. Je crois qu'ils trouvaient ça mignon aussi. Ce qui importe, c'est d'essayer, de parler et de communiquer. Oser, ça fait aussi partie du jeu. Toujours est-il que je sais désormais qu'on n'a jamais fini d'apprendre.

Je finirai ce bilan avec cette image qui résume assez bien mon année :


Les voyages sont la seule chose que l'on achète et qui nous rend plus riche.


Je vous retrouve la semaine prochaine pour les derniers articles. Bonne rentrée à ceux qui ont repris les cours ! :)

3 commentaires:

  1. Un an déja que je suis ce blog du coup (enfin, son prédecesseur). Effectivement ça passe vite et pas vite en même temps.

    Je continue à dire que tu as eu bcp de courage pour tenter cette expérience. Moi, je serai restée dans mon coin à toujours manger au même endroit (je fais toujours ça dans ma ville étudiante alors que j'y ai vécu 5 ans).

    Sinon, une question me taraude depuis un moment. Quand on fait une année à l'étranger, elle compte comme une année "classique" ou bien tu dois "redoubler" en France ? Je pense ici que ton année compte, vu comme tu l'explique. Mais tu dis avoir eu des cours très différents de ta formation initiale (les langues), donc je me demandais comment ça fonctionnait pour les équivalences...par exemple si tu entres en Master 2 et que tu as un cours qui fait suite à un cours de Master 1 que tes camarades ont suivi en France cette année mais que tu n'as pas eu en Allemagne.

    Il y avait une étudiante Erasmus dans ma fac cette année, et en discutant avec elle, j'ai compris qu'elle avait déjà terminé son Master 2 en Espagne et refaisait cette année en Belgique. C'est très compliqué.

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    1. Hé oui, déjà un an. C'est fou, on dirait vraiment pas. Quand j'y repense, je me dis que "Ouais, j'ai vécu un an en Allemagne". Et puis quand j'y réfléchis plus longuement, je me dis que ça fait beaucoup en fait, quand on y pense ! Mais je pense que c'est plus difficile à réaliser quand on l'a vécu que lorsqu'on est à l'extérieur.

      Sinon, effectivement, l'année en Erasmus compte comme une année normale en France, à condition d'avoir signé le contrat d'études etc. Alors effectivement, les cours suivis en Allemagne ne sont pas les mêmes que ceux suivis par mes potes en France. C'est certes un peu bizarre mais ça compte quand même :) Donc là, j'ai validé mon M1 LEA en Allemagne et je me réoriente en M1 d'études germaniques, donc au final ce n'est pas gênant que je n'aie pas eu les mêmes cours que mes collègues de l'année dernière.

      Après, certaines facs exigent que leurs étudiants étudient certaines matières dans le pays d'accueil qui correspondent aux matières du diplôme préparé par l'étudiant et certaines exigent même des notes minimum aux examens. C'est effectivement assez complexe ^^"

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  2. Merci pour les explications ! C'est vraiment chouette que ça compte comme année au final.

    Okay, j'ai encore rien compris, je pensais que tu entrais en M2 (on avait discuté de mémoire et tout). C'est vrai que c'est pas un problème si tu te réorientes. (:

    (au fait, j'ai cloturé mon blog et n'en recommence pas un autre mais conserve l'adresse pour papoter ici, entre autre).

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